On admet que Tombouctou fut fondée au début du XII°
siècle par des tribus nomades qui avaient l’habitude de
se déplacer avec leurs troupeaux entre la ville d’Araouan
au Sahara et le village d’Amtagh, sur les bords du
Niger. Ils décidèrent d’établir un campement définitif
dans une dépression où l’eau, abondante en toute saison,
était excellente et la végétation relativement
luxuriante. Ils y déposait sous la garde d’une vieille
femme bellah, « Bouctou » leur provisions : d’où le nom
de Tombouctou (Tin-Bouctou). Ainsi, Tombouctou
proviendrait de l’agrandissement de ce campement
Touareg.
Par la suite, Tombouctou devint le carrefour des
caravanes et le grand débouché de la plupart des routes
transsahariennes
·
Tombouctou vers le Maroc,
·
Tombouctou vers l’Egypte,
·
Tombouctou vers la Tripolitaine.
Cette situation favorisa l’immigration de marabouts
arabo-berbères au XVe
siècle et celle d’élites au début du XVIè siècle. Ainsi,
on vit arriver à Tombouctou dès la première moitié du XVe
siècle deux grandes familles de LETTRES : les AGIT et
les ANDA Az MOHAMED.
Une deuxième vague d’immigrants à Tombouctou est
provoquée par l’attraction qu’exerçait la ville sur le
monde soudano-sahélien tant par sa prospérité économique
que par la réputation des Docteurs que ses murs
renfermaient. Ainsi du Tichitt, de Takkeza, du Touat, de
Djenné, du Macina, vinrent un nombre important de
Docteurs célèbres parmi lesquels Mohamed Bagayoko, type
idéal du docteur tombouctien, qui se voua tout entier au
service de Dieu, de sa communauté et de la société.
Ces nouveaux venus s’installèrent dans la ville et
aussitôt adoptés, s’adonnèrent aux études et à
l’enseignement de la science et du dogme de l’Islam. A
la même époque, de la Mecque vint Es Segli qui
s’enracina dans la boucle du Niger. Cette immigration
d’élites apporta avec elle le savoir et contribua à
l’animation de la vie intellectuelle et religieuse de la
ville.
Certains d’entre eux furent IMAMS et d’autres
s’inscrivirent parmi les plus grands noms de la ville.
Ville cosmopolite et commerciale par ses origines, c’est
là que les caravanes faisaient la rupture de charge à
côté de la vieille BOUCTOU. Dans ce contexte, Tombouctou
s’ouvrant au Monde, s’enrichit d’idées et de
marchandises.
Les docteurs étaient en relation suivie avec les grandes
universités musulmanes, les penseurs de l’Orient et du
Maghreb. C’est dans ce formidable creuset que va fleurir
cette culture négro-arabo-berbère qui fera de Tombouctou
et du Soudan nigérien le point de mire du monde aux XVe
et XVIe
siècles.
Les savants de Tombouctou, avec leur science, n’avaient
rien à envier à leurs homologues du monde arabo-berbère.
L’université de Sankoré fut leur phare le plus
resplendissant pendant plusieurs siècles, à une époque
où les livres étaient vendus par leur poids en or.
(Auteur :Attilio GAUDIO
(DECEDE)
Directeur du Centre International des Recherches
Sahariennes et Sahéliennes)